Tableau du siècle : pendant que des militants écolos manifestent devant une banque pour protester contre son rôle dans plusieurs scandales environnementaux, la direction s’excuse pour leur mauvaise gestion…auprès des actionnaires, ils ne recevront pas de dividendes et leurs actions ont perdu en valeur.
“Il s’agit d’une triste journée pour vous et pour nous aussi […] Nous nous trouvons à un stade que nul n’avait attendu de la sorte […] Je peux mesurer l’amertume, la colère et le choc de tous ceux qui sont déçus et affectés par la tournure des événements” dis le directeur, cité dans l’article, ne faisant bien entendu ni allusion aux dérives du système bancaire, ni à sa responsabilité écrasante dans le désastre écologique, mais bel et bien au fait que quelques millionnaires seront privés de dessert.
Séjour en Alsace
Dégustation d’un plat méconnu : les jets de houblons, petites racines pâles que nous arrachons péniblement pour que le rhizome ne se propage pas dans tout le jardin. C’est subtil, agréable et croquant, entre l’asperge, l’artichaut et le champignon. Nous savourons ce mets de choix, qui se vend, parait-il, plus cher que le caviar, un peu désemparés à l’idée que certains déboursent des sommes folles pour y goûter. J’ai autant de plaisir à croquer les mauvaises herbes comestibles et abondantes, toutes aussi riches en découvertes gustatives.
Je ne crois pas au mythe du génie. Même Mozart à du faire ses gammes. De la répétition et l’imitation naissent l’art, précédé par l’artisanat. Il m’a fallu une année à écrire tous les jours pour seulement commencer à sentir que je pouvais créer quelque chose qui viendrait vraiment de moi. Sentiment bien pire pour la photo ou la production est facile, mais la création lointaine.
Cette pensée me réjouit en perspective à ma pratique de Pilates. Je l’exerce en bien des aspects comme de l’artisanat, découvre la matière, la façonne, affine la technique et ma conscience. L’idée que mon mouvement puisse devenir art, même purement intéroceptif, me fait frémir d’excitation.
Un philosophe qui a contribué à m’initier aux plaisirs de la pensée philosophique est cible d’hostilités. Boudé par beaucoup, ses interventions dans les médias sont raillées, alors que son travail m’a souvent paru brillant. Pire, il est moqué des penseurs de gauche qui l’ont catégorisé comme ennemi. Quel conflit de loyauté !
Me revoilà dans cette situation où, mal à l’aise avec ceux qui partagent mes idées et les portent dans l’agora, je m’en éloigne. Mon parti, finalement, serait de ceux qui doutent, qui s’ouvrent à la nuance. Quand la loyauté menace le débat, je me distancie presque par réflexe. Sont compris les militants, les partis, les dogmes, même ceux qui me plaisent, qui me défendent ou que je défends.