Nos politiciens ne sont pas impuissants face à la catastrophe écologique. Ils disposent d’une marge de manœuvre avec des actions facilement applicables au niveau politique, même si elle est insuffisante. L’immobilisme reste malgré tout la règle, avec participation ou consentement à empirer la situation. Ce sont des pyromanes, indiquent Dominique Bourg et Johann Chapoutot dans leur essai Chaque geste compte : Manifeste contre l’impuissance publique. Le contrat social est dès lors rompu, et l’État perd le monopole moral de la violence légitime. Les militants et activistes qui détruisent et sabotent pour l’environnement peuvent être considérés raisonnables.
J’affectionne ces lectures radicales, elles donnent le ton face aux discours cyniques, hypocrites ou tièdes de ceux qui préfèrent ne rien changer. J’en sors pourtant en rage. Mon sentiment d’impuissance est d’autant plus accablant que les dernières votations écolos ne passent pas. L’air de ma région est deux fois plus pollué aux particules fines que ce que recommande l’OMS, et Genève rate l’opportunité de se débarrasser des affichages publicitaires avec un taux de participation aux votations ridiculement bas. Les politiciens ne sont pas les seuls pyromanes. Un Suisse sur deux en 2018 se disait prêt à changer ses habitudes pour le climat, mais un sur trois a fait l’effort inouï de signer une carte de vote et de la déposer dans une boîte aux lettres.
Des passions naissent les opinions : la paresse d’esprit les fait cristalliser en conviction. – Or qui se sent un esprit libre, infatigable à la vie, peut empêcher cette cristallisation par un changement constant ; et s’il est en tout point une boule de neige pensante, il aura dans la tête en somme, non des opinions, mais seulement des consciences et des vraisemblances mesurées avec précision.
— Nietzsche, Humain, trop humain
S’efforcer de n’avoir aucune conviction, c’était mon vœu en découvrant la pensée bayésienne expliquée par Hygiène mentale. Des passions naissent pourtant également cette énergie qui me pousse au changement constant. Les refréner m’a plutôt mené à une immobilité confortable, la prudence en mot d’ordre au détriment du mouvement.