M’est venue ces derniers jours l’envie de rendre un peu de place à la poésie dans mon quotidien. Cette forme de littérature s’intègre pourtant mal dans la frénésie d’activités générale. Elle demande attardements, rêveries, exclusivité. Le trekking en solitaire s’y prête, j’ai toujours quelques vers avec moi lorsque je pars marcher. Une convalescence également, ou des vacances. Mais entre le travail, une vie sociale, les romans, le cinéma, le Pilates, la brasserie, le jardin ? Comment ?
Je teste une formule : l’intégrer dans les interstices, là où rien n’occupe, ces vides précieux que la poésie transformerait plutôt que de remplir. Quand je repose mon dos au jardin entre deux travaux, à la fin d’un chapitre alors que mon trajet n’est pas terminé, lors d’une pause café dépeuplée ou debout sur un quai de gare.
Je compile quelques poèmes qui me viennent à l’esprit. Ceux qui m’ont redonné l’impulsion de ces lectures, des nouveaux que je vais chercher et d’anciens que je désire retrouver. J’en crée un petit carnet, seize pages de papier épais que je coud simplement. Ils tiennent dans ma poche de veste et y resteront tout le mois d’avril.
- To N.V. de G.S., de R.L. Stevenson dans le recueil Underwoods (1887). Découvert dans Le port de marins perdu, auquel je pique la traduction.
- La mauvaise auberge et Voile impatiente, de Renée Vivien dans le recueil Le vent des vaisseaux (1910).
- Un passage de Graziella (1852), chapitre quatrième, fin de la partie X, de A. de Lamartine.
- À une passante, de C. Baudelaire dans les Fleurs du mal (1855)
- Quelques vers de E. Galeano, sauf erreur publié dans Paroles vagabondes (1993)
Et toi, cher lecteur de ce site, pourquoi n’essayerais-tu pas avec moi ? Si tu le souhaites, je t’enverrai avec plaisir une copie de mon livret. Tu pourrais aussi te construire le tien, avec ton propre choix de poèmes, je le lirai très volontiers si tu veux le partager.