Svalbard, arrivée

Arrivée sur l’île

La canicule fait encore suer à Oslo lorsque nous nous changeons à l’aéroport, au dernier moment, pour mettre nos vêtements chauds. C’est sans doute la première fois que j’apprécie l’abus de climatisation. Nous quittons le long couché de soleil pour le rattraper dans le ciel, il ne nous quittera plus pour toute la durée de notre séjour.

Après trois heures au-dessus d’une mer de brouillard, le pilote annonce l’atterrissage. Nous descendons lentement, les couches cotonneuses se succèdent, nous sommes collés au hublot. Puis soudain, le Svalbard se dévoile. De longues crêtes brunes grises et parfois verdâtres grattent les nuages. C’est un désert que nous survolons, aucun signe de végétation et seulement quelques rares et discrètes marques d’une présence humaine. C’est puissant et terrifiant, en rien comparable à ce que j’avais déjà vu. Nous longeons les reliefs durant plusieurs minutes, descendons entre ces montagnes pour finalement nous poser sans prévenir au milieu de rien.

Le froid nous pique le visage lorsque nous sortons de l’avions à une heure du matin, la lumière blanche nous éblouit, je me sens comme en plein décalage horaire. L’aéroport est minuscule et nous retrouvons rapidement notre guide, Jon, et le reste du groupe. Après le petit moment de suspense pour voir si nos bagages nous ont bien suivis, nous prenons un bus qui nous emmène à notre hôtel.

Nous traversons Longyearbyen, petite ville dans une vallée grise, bordée de falaises grises et de l’eau grise de l’Isfjord, sous un ciel gris et bas. Les seules couleurs viennent des maisons utilitaires et sans charme agencées comme dans un grand chantier.

Nous logerons pour cette nuit à l’hôtel des mineurs, situé en bordure de la ville sous une mine désaffectée. Plusieurs baraquements la composent et offrent un confort rudimentaire, un peu comme une cabane de montagne. Au-dessus sur la falaise rocailleuse, un vestige de l’entrée d’une mine marque l’endroit de son histoire. Le guide nous réunit à 2 heures du matin dans une petite salle à manger et nous fait un rapide topo : le bateau de ligne qui nous déposera à notre premier camp part à neuf heure. Il nous faut encore essayer nos combinaisons de kayak et nos bottes, récupérer tout le matériel de navigation et répartir nos affaires personnelles dans des sacs étanches.

Arrivée à Longyearbyen

Nous terminons à quatre heures dans notre chambre, bien fatigués et pourtant surexcités, un peu stressés, en plein jour, à aller nous coucher pour quelques heures. Je crains à raison que la “nuit” ne soit pas très réparatrice.

Alors que j’essaye de m’endormir, avec sur la rétine encore imprimés ces paysages de grand nord, s’impose à mon esprit une phrase sans doute lue dans un livre “c’est une terre oubliée de dieu”. Pourtant, la beauté est là, éblouissante et hostile en toute majesté.