Svalbard, jour 6

Dernière navigation

Dernière expédition en kayak. Nous partons pour le glacier au fond de notre fjord. Il y un beau soleil, peu de nuages ni de vent et une mer d’huile. Après ma fraîche garde, je m’habille bien dans la combinaison, grosse erreur, j’en sortirait tout humide.

Nous traversons le Fjord en diagonale jusqu’au pied du glacier, sur la rive opposée à notre camp. Nous marchons sur ces étendues de moraine, des pierres poussées par le glacier au fil des années, formant de véritables collines de rocailles chaotiques. Les murailles de glace terminent la vallée pour en faire une étendue de blanc qui se jette dans la mer d’un bord, et rejoint de l’autre d’autres glaciers plus grands qui recouvrent 60% de l’île. Nous montons, prenons de la hauteur sur ce gris, ce bleu et ce blanc.

Retour à bord des kayaks pour traverser le lac devant le glacier, bordant de loin les murailles, attentifs à ne pas trop s’approcher des blocs de glace tombants dans l’eau. Nous pagayons au milieu des petits icebergs, les poussant avec nos rames et nos coques dans un raclement, entre les coups de tonnerre du glacier en mouvement. La consistance de l’eau varie entre granita ou chaos de gros glaçons. Nous réunissons parfois les embarcations pour admirer les paysages sans pagayer.

Dans ce lac gelé, nous apercevons au loin un phoque. Nous nous approchons, en voilà un autre. Il se dorent au soleil sur la glace pour sécher et se réchauffer. Ils sont aux aguets, mais nous pouvons nous approcher à quelques mètres. L’observation est silencieuse, attentive et respectueuse.

Sieste du phoque

Le retour se fait dans les mêmes conditions idéales que précédemment. Plusieurs du groupe jouent, c’est le dernier temps ainsi en mer, nous en profitons.

Pendant le nettoyage des kayaks, la fin se sent : ça parle de douche, des gaufres proposés à bord. J’observe les bécasseaux, fascinants et mignons, les lumières rasantes sur la marée basse, le chant des sternes et le froid bien clément qui relève l’air pur. Comme à la fin de chaque voyage, je me trouve nostalgique, proche de moi et de la nature avec une réelle crainte pour la civilisation, le retour au quotidien.