Journal – juin 2022

Jeudi 9

Nietzsche revient presque à chaque fois qu’un chapitre de philosophie me retourne le cerveau, comme si toutes mes lectures en ce moment m’amenaient à lui. Pourtant, les mises en garde décourageantes à lire ce monument sont nombreuses, comme s’il était inaccessible sans un bagage philosophique conséquent. Se crée une aura mystique autour de ces livres, qui me fait hésiter à m’y attaquer de front ou par de la vulgarisation…encore.

Jeudi 14

Si toutes les plantes potagères réagissaient comme l’artichaut lorsqu’on les oublie, je mangerais moins et le jardin serait plus fleuri. Un moment, près d’une dizaine d’abeilles butinent en même temps ce légume périmé, sans compter les syrphes et les mouches qui s’agitent autour.

Vendredi 24

C’est après avoir désherbé une parcelle entière du jardin que je découvre qu’une mauvaise herbe qui remplit désormais mon compost est en fait du pourpier, comestible, plein de vertu et à mon goût. Il serait même réputé dans un régime crétois. Un permaculteur lu il y a longtemps soulignait l’importance de s’intéresser à ses mauvaises herbes…car bien peu sont finalement mauvaises. Après la mélisse, les patates égarées, la ciboulette, le pissenlit et le plantain, en voilà une nouvelle que je n’arracherai plus à la légère, un peu penaud de lui avoir tant fait la guerre.
Mon grand-oncle me racontait que sa mère faisait une “soupe des champs”, elle partait avec un panier et revenait avec une multitude de plantes qu’elle connaissait, selon la saison et le hasard. Il n’avait jamais retrouvé ces goûts. Cette anecdote m’avait encouragé à m’intéresser aux plantes, puis au jardinage, finalement à la cueillette sauvage.

Samedi 25

Je goûte avec étonnement et délice une sensation oubliée depuis longtemps, celle de chuter sans peur et de rebondir en riant, joueur. C’est aux Bulky Games, une course de quelques kilomètres agrémentée d’obstacles gonflables, où le trentenaire, quarantenaire et cinquantenaire que nous sommes retombent en enfance. Une enseignante de Pilates me disait une fois que le meilleur moyen de (re)découvrir son corps était de renouer avec les jeux d’enfants. Dans quel autre contexte peut-on expérimenter de tels mouvements ? Même constat pour le saut, la tête en bas, les roulades et glissades.

Dimanche 26

Certaines vias ferratas sont une succession d’échelles qui permettent d’escalader une falaise. Au-delà du panorama, du sport et du frisson, elles n’offrent pas plus d’intérêt qu’une randonnée. Coup de cœur pour celle de La Farinetta, avec une tout autre approche. Au départ de Saillon, elle grimpe au milieu des gorges de la Salentze. D’abord bucolique, au-dessus d’un petit ruisseau, entre ponts et cascades avec la proximité de l’eau, on ne tarde pas à monter à plusieurs dizaines de mètres. La passerelle du même nom apparaît loin en amont, c’est l’objectif du second tronçon, et toujours la falaise abrupte s’élève, vertigineuse et imposante. Les hirondelles (ou martinets, je ne fais pas la différence lorsque je me meus à une hauteur pareille qu’eux) jouent autour de nous, la gorge gronde en contrebas. Le bisse nous offre une petite pause, s’enfonçant dans l’obscurité de la montagne alors que nous restons à flanc. Des ambiances saisissantes et inédites, un moment hors du temps et d’intimité avec l’eau et la roche. Nous glissant finalement sous la passerelle pour arriver un peu en dessus, on profite avec satisfaction de la vue depuis le pont suspendu, discernant avec difficulté le passage que nous avons emprunté.

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